Pour quitter Dumont d’Urville, le retour se fait par l’Astrolabe, un bateau qui fait les rotations entre Dumont d’Urville et Hobart en été austral et de la surveillance autour de la Réunion pendant le reste du temps. Il est opéré par un équipage de la marine nationale (22 personnes) et peut accueillir 42 passagers.

Nous sommes partis de Dumont d’Urville le vendredi 11 Janvier. Nous avons d’abord traversé le pack pendant 12 h, un spectacle magnifique. La traversée a été assez lente car il fallait trouver la meilleure route entre les plaques de glace. Ensuite, la mer est devenue plus agitée et le mal de mer s’est fait sentir pour la plupart d’entre nous. Heureusement, le médecin nous a prescrit un patch pour mieux supporter la traversée et nous avons été bercés jusqu’à l’arrivée à Hobart le mercredi 16 Janvier. Nous avons retrouvé la chaleur et la végétation avec l’odeur des eucalyptus.

En face de l’île de Dumont d’Urville, la station de Cap Prudhomme à l’extrémité du continent Antarctique est le point de départ du raid logistique vers Dome C. Pour relier Dumont d’Urville à Cap Prudhomme, il faut utiliser de petits bateaux (type zodiac) ou l’hélicoptère. C’est aussi à Cap Prudhomme que se posent les avions en provenance de Dome C.

En ce moment, 27 personnes logent à Cap Prudhomme, c’est le rand maximum pour cette petite base. A part quelques scientifiques, la plupart des personnes sur place préparent le dernier raid logistique de la saison vers Dome C (entretien des véhicules et chargement). Cette année, il y a aussi la préparation d’un raid scientifique (EAIIST, cf page ANTARCTIC-SNOW) qui partira l’année prochaine de Dome C en direction de Pôle Sud.

Ce soir, après le dîner, nous allons embarquer sur le bateau l’Astrolabe pour un départ très tôt demain matin. En effet, du mauvais temps est annoncé pour ce week-end et le bateau ne peut pas rester dans les environs de Dumont d’Urville en cas de tempête. C’est la fin d’une très belle mission.

Après plus de 6 semaines à Dome C, nous sommes quelques-uns à passer une semaine à Dumont d’Urville, la base côtière française, avant de rentrer par le bateau via la Tasmanie. C’est un véritable changement et une autre vision de l’Antarctique. Il fait chaud avec des températures positives la journée : la neige fond à toute allure. Le paysage est magnifique : la banquise a fondu tôt cette année et nous pouvons voir de magnifiques icebergs flotter au large. Il y a de la vie partout. Les fameux manchots empereurs sont presque tous repartis une fois que les petits ont pu se jeter à l’eau mais les manchots Adélie sont encore là avec des poussins qui commencent à être autonomes et à se détacher de leurs parents. Ces petits manchots font un sacré tintamarre toute la journée et sont très amusants à voir se dandiner ou se jeter dans l’eau depuis la glace. D’autres oiseaux sont aussi installés à Dumont d’Urville comme les pétrels, les océanites Wilson ou les skuas, ces oiseaux prédateurs des bébés manchots. Enfin, il est possible en se promenant autour de la base de croiser ça et là quelques phoques qui se prélassent autour des trous d’eau.

A Dome C, il y a une importante activité concentrée sur la recherche de micro-météorites. Comme leur nom l’indique, les micro-météorites sont de petites météorites qu’on ne peut observer qu’à l’aide d’un microscope. Elles peuvent venir de très loin, au-delà du système solaire ce qui n’est pas le cas des météorites récoltées habituellement.

Pour récupérer ces petites micro-météorites, il faut récupérer énormément de neige (environ 50 mètres cubes par saison), la faire fondre puis passer l’eau sur un tamis. Bien sûr, il faut travailler très proprement. Une tranchée a donc été creusée à plus de 7 m de profondeur à 3 km de la base, la paroi de cette tranchée a été nettoyée et chaque jour, 3 personnes en combinaison propre viennent récupérer des dizaines de litres de neige avec des pelles et des scies. Il faut ensuite faire fondre toute cette neige à la base et récupérer les précieuses micro-météorites.

Ces micrométéorites sont ensuite placées dans un récipient spécial sous atmosphère inerte pour ne pas être altérées par leur exposition à l’air pendant le stockage et le transport.

A 25 km au sud et à 25 km au nord de Dome C, une station météorologique et un réseau de balises ont été installés. Le réseau de balises est un ensemble de 50 piquets plantés dans la neige et dont on vient mesurer chaque année la hauteur entre la surface de la neige et le haut du piquet afin de connaître le taux d’accumulation moyen sur le site. Tous les ans, il faut donc venir sur les deux sites et faire un relevé de l’accumulation. Il faut aussi récupérer certaines données qui ne sont pas transmises automatiquement depuis la station météorologique. C’est aussi l’occasion pour certains d’aller loin de la base pour faire des prélèvements de neige sans être affecté par la pollution de la base.

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A Dome C aussi, on fête Noël et la nouvelle année. Le restaurant est d’ailleurs décoré depuis plusieurs semaines avec un sapin et de nombreuses guirlandes. Pour ce réveillon du 24 Décembre, les cuisiniers aidés de beaucoup de personnes de la station ont concocté un très bon repas : escargots, coquilles Saint Jacques, langoustines, homards, bœufs en croute et bien sûr une bûche de Noël (en plus de nombreux autres desserts…). Des bouteilles de champagne ont aussi été ouvertes pour l’occasion et un vin de fraises a été préparé, une tradition à Dome C. Comme les dimanches, le jour de Noël et le jour de l’an sont des jours pendant lesquels nous ne travaillons normalement pas à Dome C ; certains continuent tout de même leurs activités mais à un rythme plus tranquille.

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Du vendredi 21 Décembre au dimanche 23 Décembre, nous avons connu un événement exceptionnellement chaud, plus chaud que -15°C sous abri. Le vent qui venait de la mer a aussi été beaucoup plus fort que d’habitude. Il était interdit de faire certaines opérations dehors le Samedi 22 Décembre à cause du vent et de la visibilité réduite.

Le dernier avion a amené de nombreux scientifiques sur le site de Dome C. En particulier, les scientifiques qui travaillent dans le laboratoire de physique sont arrivés pour faire une mise à jour et des calibrations de leurs différents instruments. Ces instruments fonctionnent toute l’année et donnent des informations sur la dynamique atmosphérique à Dome C.

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Cette année, il a fallu construire un nouveau bâtiment pour abriter des instruments pour les scientifiques travaillant en sismologie (sur l’étude des séismes). Contrairement à la plupart des bâtiments construits à Dome C avec des poutres métalliques ou à base de containers, ce bâtiment est construit essentiellement en bois. En plus des poutres, les éléments de construction sont des sortes de briques avec l’extérieur en bois et l’intérieur en matière isolante. Cette technique permet d’avoir un bâtiment très bien isolé et facile à chauffer.

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Les températures commencent à augmenter sérieusement. Nous avons maintenant régulièrement des températures supérieures à -30°C l’après-midi avec toujours un magnifique ciel bleu.

Par beau temps, les scientifiques aiment bien faire des trous… En plus des activités de forage, nous faisons aussi des puits de neige pour étudier la neige sur les quelques mètres près de la surface. En effet, quand on fore une carotte de glace, les premiers mètres ne peuvent pas être récupérés et s’ils le sont, la neige est très friable et difficile à analyser.

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